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Beauté-famille-sexualité

Le but de ce blog est de parler de la beauté, de la famille et de la sexualité en prenant appui sur la communauté Guin et Mina. La communauté Guin et Mina a une culture riche de plus de 3,5 siècles mais peu connue. Aujourd'hui, cette communauté n'est visualisée qu'à travers les pratiques sexuelles peu positives d'une minorité de femmes guinnou ou Mina. Ce blog revisite l'organisation sexuelle du peuple Guin et Mina à travers le temps (approche diachronique) afin d'en tirer des inspirations susceptibles de façonner notre mode de vie contemporain. Mot clés : #Beauté, #Sexualité, #Famille, #Guin, #Mina

Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet3

Volet 3 : Beauté et désir sexuel

Dans le précédent article, trois auteurs nous ont permis d'ouvrir une petite brèche sur le lien intime qui peut exister entre la beauté et la séduction. Laurent (2010) écrit que « Le corps de la femme apparaît comme une enveloppe qui se doit d’être belle, au service de la séduction et de la satisfaction de la sexualité masculine ». Kaufmann (1998) qui écrit que « […] c’est la beauté qui crée l’attirance et libère les pulsions ». Et Beausoleil (2000) écrit, à son tour, que le maquillage [pour se faire belle] est « non seulement un indice de la féminité, mais aussi un indice de la sexualité des femmes ».

 

Approfondissons un peu plus dans le présent article le lien entre la beauté [féminine] et le désir sexuel [chez les hommes]. Pour ce faire, allons puiser de la matière chez les psychologues et les philosophes pour nourrir cette anthropologie du corps et du sensible qui me passionne tant.

Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet3

Le désir serait-il l'essence de l'Homme ? De nombreux penseurs et chercheurs dans différentes disciplines nous ont fait voyager très loin dans le monde du désir, ont fait ressortir son lien incestueux avec d'autres émotions, et son influence sur l'état de l'Homme. Platon, Aristote, Épicure, Spinoza, Hegel, Sartre, Ricoeur, Freud pour ne citer que ceux-là nous ont offert à voir le désir sous tous ses angles.

Le désir, qu'est-ce que c'est réellement ?

« Le désir [en psychologie] est un processus conscient (masquant tout de même des manifestations inconscientes sous-jacentes) qui incite les personnes à partir à la quête d’un fait, d’une situation ou d’un objet, source de plaisir et de contentement. Ainsi, l’objet du désir est relatif à un manque que l’on cherche à satisfaire en vue d’y trouver une certaine satisfaction »[1].

« Du latin desiderium, le désir [en philosophie], désigne le mouvement qui, au-delà du besoin en tant que tel, nous porte vers une réalité que l’on se représente comme une source possible de satisfaction. Le désir se définit comme une tendance devenue consciente »[2].

L’Homme est un être de désir, et ce désir s'inscrit entre manque et plénitude

Le désir est une tension qui nait d’un manque et qui vise un objet ou un sujet dont la possession est susceptible de procurer de la satisfaction, donc du plaisir. « Le plaisir imaginé s’appelle désir » (Ricoeur). Désirer signifie être à la recherche de ce dont on manque et dont le manque provoque de la souffrance et des angoisses. Le désir est une impulsion d’une force que l’on constate en nous et qui nous conduit à tendre vers un objet ou un sujet. Cette force active anime le sujet qui l’éprouve. On ne choisit pas de désirer telle ou telle chose, on constate que l’on éprouve du désir pour telle ou telle chose comme si le désir s’était construit en nous, par-delà notre volonté. Le désir est donc, irraisonné, irréfléchi, il nous possède et nous n’en sommes pas maîtres au départ. Pour maîtriser ses désirs, il est donc nécessaire d’en prendre conscience, de les penser, de les raisonner.

« Pour Platon, l'épithumètikon, c'est-à-dire la capacité de désirer, est une des trois parties constitutives de l'âme humaine. Le désir est pour lui une dimension constitutive de l'acte philosophique. Les six discours en l'honneur d'Éros qui se succèdent dans le Banquet (env. 375 av. J.-C.) culminent dans le discours de Socrate, qui est doublement indirect : Socrate le tient d'une étrangère, Diotime, prêtresse de Mantinée qui, elle-même, allègue un mythe pour rendre compte de la nature paradoxale du désir érotique, écartelé entre manque et plénitude. Fils de Poros (« Issue », « Chemin », « Expédient »), qui est lui-même fils de Mètis (« Ruse »), Éros a pour mère Pénia (« Pauvreté »).

Pour le Socrate du Banquet, dans la visée du désir, le beau est inséparable du bien. C'est le manque des choses bonnes et belles qui nous les fait désirer. Le désir du Bien et du bonheur représente la forme la plus haute d'Éros. [...] »[3]

 

[1] https://www.cosmopolitan.fr/,le-desir,1905069.asp.

[2] https://la-philosophie.com/desir-definition.

[3] Jean GREISCH, « DÉSIR, philosophie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 9 avril 2020. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/desir-philosophie/


 

Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet3

Les éléments constitutifs de la relation entre le sujet et l'objet du désir

Le désir s'appréhende donc comme une relation particulière qu'un sujet (ou un être) entretient avec un objet qu'il évalue comme une source de satisfaction. Lorsque nous disséquons cette relation, nous ressortons les éléments suivants :

  • un être dont les impulsions peuvent se fixer sur un objet ;
  • un être doté d'une sensibilité et d'une faculté de représentation ;
  • un être capable d'évaluer la satisfaction que peut lui procurer un objet ;
  • un être capable de déterminer quel est l'objet qui peut le satisfaire ;
  • une évaluation de l'objet, évaluation qui implique nos facultés affectives (plaisir procuré par l'objet), cognitives (par exemple, la satisfaction que procure la certitude) et morales.
  • la représentation que l'obtention d'une certaine relation à l'objet est précisément ce qui nous comblera.
Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet3

Doit-on parler d'un désir ou des désirs ?

D’après Épicure (en philosophie), il existerait plusieurs types de désirs : 1) les désirs naturels et nécessaires correspondant aux besoins vitaux tels que : boire, s’alimenter, dormir, etc. ;  2) les désirs naturels simples, non nécessaires pour vivre, par exemple : le désir sexuel ; 3) les désirs ni naturels, ni nécessaires, qui sont propres à chacun selon ses moyens et induits par la société, exemples : déguster un bon vin et des mets raffinés, se coucher dans une chambre de luxe, posséder des voitures de luxe, etc.

Tableau n°7 : Classification des désirs selon Épicure

Désirs naturels

Désirs vains

Nécessaires

Simplement naturels

Artificiels

Irréalisables

Pour le bonheur (ataraxie)

Pour la tranquillité du corps (protection)

Pour la vie (nourriture, sommeil)

Variation des plaisirs, recherche de l'agréable

(Ex : désir sexuel)

Ex : richesse, gloire

Ex : désir d'immortali-té

Source : https://fr.wikibooks.org/wiki/Philosophie/D%C3%A9sir

Quelle place doit-on accorder au désir dans notre vie

Le désir n'est pas toujours une source de bien-être, il est aussi parfois une source de mal-être. En effet, chaque personne sait qu’elle ne peut pas satisfaire à tous ses désirs. Des désirs non satisfaits ou impossibles à satisfaire, peuvent naître des angoisses, des souffrances ou un sentiment de frustration. En outre, même lorsqu’un désir est comblé, l’individu peut continuer à se questionner et à ressentir un sentiment d’angoisse, car la satisfaction du désir n’est pas une fin en soi. Ce qui fait qu'en psychologie, il est conseillé que pour accéder au bonheur et ne plus affronter le sentiment de frustration et les angoisses associées, il faut essayer de se focaliser sur les désirs naturels et nécessaires, et tenter de s’éloigner des autres (https://www.cosmopolitan.fr/,le-desir,1905069.asp).

Platon, dans le Phédon, expose également l'idée d'une vie ascétique où l'homme doit lutter contre les turbulences de son corps. Chez Platon, le désir est symbolisé par un cheval noir borné, obsédé par le plaisir (particulièrement sexuel) et qui nous dévie du droit chemin. Le désir apparaît ainsi comme le grand perturbateur de la rationalité. Ainsi, bien que les philosophes classiques aient reconnu le bien-fondé du désir, l’emphase sur ses potentielles vicissitudes a prévalu (Schapiro 2013, Daoul et al. 2015).

A contrario, dit Lauria (2017), les Cyrénaïques, font de la satisfaction de tous les désirs le bien suprême. Du point de vue de cette philosophe, notre époque moderne est témoin d'une revalorisation du désir si l'on se réfère à Thomas Hobbes (1994) et David Hume (2000) qui évoquent que le désir est le seul moteur de l’action. Cette conception est si influente qu’elle constitue le dogme principal de la philosophie contemporaine du désir : les désirs sont notre impulsion à agir.

Les désirs, dit-elle, occupent une place importante dans notre vie d'aujourd'hui. Nos projets et actions sont guidés par eux. Leur satisfaction nous rend heureux. A notre grand dam, leur frustration nous afflige et nous fait sombrer dans le désespoir. Certains désirs sont plus forts que d’autres. Certains nous obsèdent. D’autres nous vivifient. D’aucuns ruinent des vies. En quoi les désirs sont-ils cruciaux ?

Le désir motive à l'action.

Le désir est la condition de tout projet, de tout espoir, de tous les possibles (Marzano, 2007). L’idée que les désirs entretiennent un lien essentiel avec l’action remonte à Platon et Aristote, nous dit Lauria (2017).  Pour Platon, le désir « engendre » ; le désir « produit » jusqu’à passer du manque à l’excès mais cela n'est possible seulement qu'en contact du « beau » : « Aussi quand l’être pressé d’enfanter s’approche du beau, il devient joyeux, et, dans son allégresse, il se dilate et enfante et produit » (Marzano, 2007). Selon Aristote aussi, les désirs sont ce qui permet le mouvement animal ;  cette idée a, davantage, été rendue populaire par David Hume avec sa dichotomie de l’esprit selon laquelle seuls les désirs nous motivent à agir (Lauria, 2017).

« Le désir est l’essence même de l’homme en tant qu’elle est conçue comme déterminée à faire quelque chose par une affection quelconque donnée en elle », nous dit Spinoza (dans Éthique, 1677).

Distinguons bien désirs et besoins

Le désir entretient une relation difficile et ambiguë avec les besoins et les pulsions (Marzano, 2007). Les désirs et les besoins sont intimement liés mais ne sont pas identiques (Lauria, 2017). Les besoins portent sur ce qui est nécessaire à la survie d’un organisme ou de l’espèce (Reader & Brock, 2004). On pense à des besoins biologiques tels que la faim, la soif, etc. Les besoins semblent plus importants et urgents que nos désirs : ils sont prioritaires (Frankfurt, 1984). La satisfaction des désirs est plutôt importante pour notre bien-être. Ceci dit, la frustration d’un désir ne s’accompagne pas nécessairement d’une souffrance significative (mais plutôt d'une déception ou d'une tristesse passagère). La frustration des besoins est plus grave que celle de nos désirs car elle compromet notre autonomie (Doyal & Gough, 1991).

Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet3

Le lien entre beauté et désir sexuel

Encadré n°3 : Un extrait d'un texte de Platon ressortant le lien beauté/désir.

« [...] Celui qui, dans les mystères de l'Amour, se sera élevé jusqu'au point où nous en sommes, après avoir parcouru dans l'ordre convenable tous les degrés du beau, parvenu enfin au terme de l'initiation, apercevra tout à coup une beauté merveilleuse, celle, ô Socrate, qui était le but de tous ses travaux antérieurs : beauté éternelle, incréée et impérissable, exempte d'accroissement et de diminution, beauté qui n'est point belle en telle partie et laide en telle autre, belle seulement en tel temps et non en tel autre, belle sous un rapport et laide sous un autre, belle en tel lieu et laide en tel autre, belle pour ceux-ci et laide pour ceux-là; beauté qui n'a rien de sensible comme un visage, des mains, ni rien de corporel, qui n'est pas non plus tel discours ou telle science, qui ne réside pas dans un être différent d'elle-même, dans un animal, par exemple, ou dans la terre, ou dans le ciel, ou dans toute autre chose; mais qui existe éternellement et absolument par elle-même et en elle-même; de laquelle participent toutes les autres beautés, sans que leur naissance ou leur destruction lui apporte la moindre diminution ou le moindre accroissement, ni la modifie en quoi que ce soit.

Quand, des beautés inférieures on s'est élevé, par un amour bien entendu des jeunes gens, jusqu'à cette beauté parfaite, et qu'on commence à l'entrevoir, on touche presque au but. Car le droit chemin de l'amour, qu'on le suive de soi-même ou qu'on y soit guidé par un autre, c'est de commencer par les beautés d'ici-bas et de s'élever jusqu'à la beauté suprême, en passant, pour ainsi dire, par tous les degrés de l'échelle, d'un seul beau corps à deux, de deux à tous les autres, des beaux corps aux belles occupations, des belles occupations aux belles sciences, jusqu'à ce que de science en science on parvienne à la science par excellence, qui n'est autre que la science du beau lui-même, et qu'on finisse par le connaître tel qu'il est en soi.

Ô mon cher Socrate, poursuivit l'étrangère de Mantinée, si quelque chose donne du prix à cette vie, c'est la contemplation de la beauté absolue. […] » (Le Banquet, 210e-212a).

 

Lorsque parle désir sexuel, on pense à la libido et aux pulsions sexuelles. Celles-ci sont souvent plus importantes chez l'homme que chez la femme. L'homme et la femme n'appréhendent pas le désir dans les mêmes conditions, nous disent les psychologues.

Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet3
Les femmes «GƐn»/Mina, au coeur de la beauté africaine, volet3

Chez l'homme, le désir naît majoritairement du visuel : il regarde des fesses, des seins ou des jambes dénudées, et cette seule vision lui donne envie de faire l'amour. Chez la femme, la libido est davantage stimulée par les autres sens : l'ouïe et l'odorat notamment. Le désir sexuel prend également parfois chez la femme une dimension intellectuelle. Ceci explique en partie la baisse de libido qui s'observe chez les femmes : il leur en faut plus qu'aux hommes pour susciter leur désir sexuel. Certaines ont besoin de se trouver dans un contexte très précis pour avoir envie de faire l'amour, quand la plupart des hommes se contentent d'une image évocatrice.[4]

 

[4] https://www.passeportsante.net/sexualite-g159/Fiche.aspx?doc=desir-sexuel

Bonne lecture et surtout bonne fête de Pâques à vous, chers lecteurs et chères lectrices.

Bonne lecture et surtout bonne fête de Pâques à vous, chers lecteurs et chères lectrices.

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